Nous sommes champions, nous avons gagné!
J’ai entendu ce slogan en bande hier soir, en plus j’habite à coté du stade.
Qu’avons-nous gagné, au fait?
Ce coup d’euphorie provoqué par un statut de champion par procuration est une chimère. Comme une soupape pour la soumission et l’inhibition de l’action et de la créativité que la plupart s’inflige tous les jours.
C’est pour cela que cette énergie extatique à la base dégénère dans une ivrerie grotesque et non pas canalisée vers la bonne chose, être champion de sa vie.
Si déjà il y avait quelque chose à gagner, ce serait de réussir de devenir un être et créer quelque chose de nouveau sur cette terre. Ce serait de pouvoir rester droit devant ses enfants et d’arrêter les mentir que nous savons comment nous tenir en leur montrant le contraire. Ce serait de tenir ses promesses. En tant que parent et en tant qu’être. La promesse de fidélité envers soi même. Arrêter de faire semblant et mener une vie qui ne plait pas qui ne rapporte aucune passion et qui est à coté finalement de ce que chacun avait à faire ici-bas.
Si on était vraiment champions , on aurait changé la structure qui nous emprisonne. On aurait récupéré notre pouvoir que nous avons légué avec une trop grande désinvolture aux structures d’autorité, qui se sont emparés et qui la plupart du temps sont dans l’abus de ce pouvoir maintenant. On saurait comment trouver une voie vers la vie, pour nous et en pensant surtout à nos enfants. On arrêterait de tuer avec sang froid. On préserverait la vie, la terre, on honorerait ce qui est précieux: l’amour, l’espoir; la force; la sagesse.
Si on était vraiment champions, cela se saurait exactement et nous n’aurions plus besoin de payer des millions pour avoir une sensation d’euphorie par procuration.
Nous serions capable alors de fournir notre propre euphorie par nous mêmes, pour les actes que nous aurons posés et dont nous serions juste satisfaits.