Pour une personne vivant dans un pays considéré libre et non pas totalitaire, il est impensable au 21-ème siècle de parler d’un formatage globale identitaire de la population. Nous avons l’impression de pouvoir nous exprimer librement, et que la pensée soit le fruit de notre personnalité, forgée grâce à l’éducation et à notre unicité. Et pourtant…si nous regardons les comportements qui se manifestent entre nous, nous remarquerons souvent des traits d’un comportement uniforme, inculqué comme « éducation » dès le berceau entre les deux guerres mondiales avec une provenance probablement beaucoup plus ancienne.
En gros, nous nous découvrirons jouer tous entre nous un couple de personnages, choisissant lequel selon circonstance :
- Le bébé impuissant et faible, qui est un objet à formater, qui n’a pas de droit, il est là pour assouvir les besoins de ses parents. Il sera un être réussi s’il obéira parfaitement à ses parents et plus tard à ses supérieurs, ou représentants de l’autorité ;
- L’adulte tout-puissant répandant la loi avec subjectivité (lui il peut mais pas l’enfant) qui exploite l’enfant pour assouvir ses besoins qu’il n’a pas réussi dans l’enfance et qui punira toute manifestation d’originalité ou sortie de norme comme étant dangereuse à se propre sécurité et à la communauté.
Comme ce modèle est oublié à quelques mois et que nous avons l’obligation d’aimer nos parents (besoin d’idéalisation) nous créerons une fausse identité qui bannira au plus vite le faible et le vrai moi , en se défendant avec les crocs et les griffes à rester dans cette couche (ou cage) de surface, qui évite les émotions , du soi et des autres, qui va avoir peur d’aller sur le territoire de sa vraie identité et qui va être étouffée en couche à chaque fois que cette immense force psychique originale essaie d’immerger de l’intérieur ou nous la voyons chez les autres.
C’est comme une compulsion d’éviter ou réprimander ses émotions et celles de l’autre, le formater, lui enseigner ce qu’il a à faire, dire, ce qu’il devrait, car nous le savons mieux, n’est-ce pas ? Nous détenons la loi !
Effectivement, c’est une sensation de toute puissance que nous ressentons quand nous voulons formater l’autre, car nous le voyons depuis les yeux du parent tout puissant, en face d’un bébé sans droit d’appel, à notre merci. Voici pourquoi des inconnus s’acharnent contre vous à vouloir vous extirper, vous diffamer, vous obliger à revenir à des pensées plus dans la norme…comme eux ! Et c’est pour cela que les mêmes terroristes qui étaient chefs redoutés au travail deviennent des agneaux obéissants à la maison, devant leur femme, qui est le représentant de la mère, figure toute puissante à l’époque initiale de leur vie.
En gros, terroriste tout puissant envers le « faible » (enfants, malades, personnes âgées, force physique ou mentale moindre) , impuissant obéissant devant celui qui représente l’autorité.
Alice Miller a regroupé les principes de cette pédagogie noire dans son livre « C’est pour ton bien ». Comme les parents sont formatés à l’âge de quelques mois avec ce comportement-couple, ils ne se rendent pas compte qu’ils transmettent inconsciemment ce même modèle à leur bébé quand ils basculent en parent. Je vous les énonce afin de les démasquer et que vous les identifiez peut-être chez vous. Car là où la conscience arrive, rien ne peut l’empêcher de tout transformer.
- Les adultes sont les maîtres (et non pas les serviteurs !) de l’enfant encore dépendant ;
- Ils tranchent entre le bien et le mal comme des dieux ;
- Leur colère est le produit de leurs propres conflits ;
- Ils en rendent l’enfant responsable ;
- Les parents ont toujours besoin d’être protégés ;
- Les sentiments vifs qu’éprouve l’enfant pour son maître constituent un danger ;
- Il faut le plus tôt possible « ôter à l’enfant sa volonté » ;
- Tout cela doit se faire très tôt, de manière à ce que l’enfant « ne s’aperçoive de rien » et ne puisse pas trahir l’adulte.
Les moyens de l’oppression du vivant sont les suivants : pièges, mensonges, ruses, dissimulation, manipulation, intimidation, privation d’amour, isolement, méfiance, humiliation, mépris, moquerie, honte, utilisation de la violence jusqu’à la torture. L’une des méthodes de la « pédagogie noire » consiste également à transmettre dès le départ à l’enfant des informations et des opinions fausses. Ces dernières se transmettent depuis des générations et sont respectueusement reprises à leur compte par les enfants, alors que non seulement leur validité n’est pas prouvée, mais qu’il est prouvé qu’elles sont fausses. Exemples :
- Le sentiment du devoir engendre l’amour ;
- On peut tuer la haine par des interdits ;
- Les parents méritent a priori le respect en tant que parents ;
- Les enfants ne méritent a priori aucun respect ;
- L’obéissance rend fort ;
- Un sentiment élevé de sa propre valeur est nuisible ;
- Un faible sentiment de sa propre valeur conduit à l’amour de ses semblables ;
- Les marques de tendresse sont nocives (mièvrerie) ;
- Il ne faut pas céder aux besoins de l’enfant
- La dureté et la froideur sont une bonne préparation à l’existence ;
- Une reconnaissance simulée vaut mieux qu’une sincère absence de reconnaissance ;
- L’apparence est plus importante que l’être ;
- Ni les parents ni Dieu ne pourraient supporter la moindre injure ;
- Le corps est quelque chose de sale et de dégoûtant ;
- La vivacité des sentiments est nuisible ;
- Les parents sont des êtres dénués de pulsions et exempts de toute culpabilité ;
- Les parents ont toujours raison.
A nous donc de nous démasquer de l’intérieur ces mécanismes et aller à leur dissolution. Cette fausse personnalité qui empêche les humains d’exister depuis la nuit des temps doit s’arrêter ! Elle produit maladies et névroses, toxicomanie et suicides. Nos relations deviennent empoisonnées. En plus cela n’est pas nous ! Comme disait Alejandro Jodorovsky dans « La Voie du Tarot » « nous sommes des contenus merveilleux dans des containers malades ». Cassons ces containers qui nous emprisonnent dans de fausses personnalités, alors que nous sommes des êtres d’amour, de plaisir et de sentiments, de compassion et d’espoir, de grâce et de solidarité, d’émerveillement et de sensibilité. Celui qui va bien s’occupe de l’autre. Celui qui se respecte respectera l’autrui. Celui qui se donne la permission de s’exprimer librement laissera l’autre s’exprimer à son tour. Ne craignez pas le monde du vrai soi c’est un monde merveilleux, sécuritaire pour tous. C’est le monde qui revient dans nos rêves comme une nostalgie lointaine. Rendons ce rêve réalité, c’est dans le pouvoir de chacun de reprendre son pouvoir sur sa vie et de manifester cette présence merveilleuse et unique qui l’a fait venir ici-bas.